Jamel Madani met en scène une nouvelle pièce de théâtre dont la première aura lieu pendant les Journées théâtrales de Carthage. Nous avons assisté aux répétitions.
Voici une pièce de théâtre qui verra le jour en pleine discussion autour du statut de l’artiste qui, espérons-le, aboutira cette fois après des années de déni. La pièce est mise en scène par Jamel Madani et elle décrit justement la difficile question de la survie d’un artiste passionné par son art et qui se trouve pris au «piège» du confinement. Un artiste qui, du jour au lendemain, se trouve sans ressources. La pièce s’ouvre par un hommage au nouveau théâtre et avec une référence à «Ghasselet ennwader» puis les personnages de l’artiste (Ikram Azzouz) et de son épouse (Lobna Noomane), pris dans ce huis clos imposé par le Covid-19 émergent. Comment survivre et préserver sa dignité lorsqu’on est atteint par le virus de l’art ? Comment ne pas vendre son âme et ne pas se rabaisser aux petites «buzzeries» du quotidien ? Les deux acteurs principaux assurent dans ces rôles. Disons qu’entre Ikram Azouz et Lobna Noomane, les répliques coulent de source et qu’ils arrivent à transmettre au spectateur, avec humour et sournoiserie, cette situation kafkaïenne de la vie d’un artiste.
À l’origine écrite pour feu Noureddine Aziza à la fin de sa vie par Mohsen Ben Nefissa, cette pièce a été réécrite et actualisée par Jamel Madani avec Mohsen Ben Nefissa.
«Il est important de mettre en valeur la question du statut de l’artiste en Tunisie car le sujet est vital pour nous, mais il importe aussi de transmettre au public la sensation de cette précarité vécue par les artistes, dit Jamel Madani. Je dis bien transmettre une sensation parce que nous n’allons pas faire dans le discours comme si on était devant l’ARP où à la télévision; nous avons choisi un traitement léger ou il y a de l’humour. Nous ne voulons pas faire dans le misérabilisme ou la victimisation; le public est là pour se divertir, même si la situation est inquiétante tant que le statut de l’artiste n’a pas encore vu le jour».
Dans cette pièce, l’hommage est rendu aussi à Shakespeare à travers «Othello» que Jamel Madani considère comme une référence mais aussi à «Ghasselet ennwader».
La pièce «Ghasselet ennwader» a marqué toute une génération comme elle a marqué un paysage théâtral tunisien bien particulier, poursuit Jamel Madani. C’est aussi un hommage pour ceux qui ont lancé ce nouveau théâtre (Fadhel Jaziri, Fadhel Jaibi, Mohamed Idriss) qui ont créé la tradition des sociétés de production dans le théâtre, ce qui a permis à l’artiste de trouver sa voie et de respirer en quelque sorte. Ils ont aussi donné son indépendance à l’artiste qui peut créer et distribuer ses productions».